Le CAMH lutte contre l'épuisement professionnel des infirmières grâce au réseau LightsOn et à Oracle Health Advance
Partout dans le monde, les infirmières présentent des symptômes d'épuisement professionnel, aussi une organisation canadienne cherche à collaborer avec elles dans le but d’atténuer les facteurs de stress.
"Au Canada et à travers le monde, nous connaissons une pénurie sans précédent de professionnels de la santé", déclare le Dr Gillian Strudwick, responsable de l'informatique clinique au Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) de Toronto. Les chiffres confirment cette affirmation: l'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu'il manquera 15 millions de professionnels de la santé dans le monde d'ici la fin de la décennie.
Afin de rendre la profession de soignant aussi attractive que possible, les organisations doivent soutenir celles et ceux qui y consacrent leur carrière. C'est dans cette optique que le CAMH s'est engagé auprès des infirmières à réduire leur charge administrative afin qu'elles puissent passer plus de temps auprès des patients, s'occuper d'autres tâches et, selon Gillian, "redonner un peu de joie au métier d'infirmière".
En 2021, le CAMH a mené une enquête comparative et une évaluation des besoins qui ont révélé que 34 % du personnel infirmier se sentait très stressé et que 23 % d'entre eux présentaient au moins un symptôme d'épuisement professionnel. Le dossier de santé électronique (DSE) de l'organisation, connu sous le nom de I-CARE, a été décrit comme l'un des facteurs contributifs – 29 % des infirmières considéraient ou étaient convaincues qu'il contribuait à leurs frustrations, et 44 % déclaraient qu'il contribuait même parfois à leurs symptômes d'épuisement professionnel.
Le CAMH n'est pas le seul à avoir fait cette découverte au sujet de son DSE. Une enquête menée par le cabinet de recherche KLAS a révélé que ces systèmes sont considérés comme contribuant à l'épuisement professionnel des médecins et des infirmières aux États-Unis. En outre, l'Enquête nationale sur les infirmières et infirmiers canadiens de 2020 a mis en évidence un certain nombre d'obstacles à l'adoption complète du DSE, notamment la saisie redondante des données, l'utilisation de systèmes et de connexions multiples, et une formation inadéquate.
Avec des bases de référence en place, le CAMH a pu utiliser LightsOn Network et Oracle Health Advance pour analyser la façon dont ses 1 140 membres du personnel infirmier travaillaient avec le programme de DSE. Il s’est concentré sur plusieurs points problématiques possibles, explique Gillian. "À quel moment de la journée, de la soirée ou de la nuit les infirmières s’occupent-elles de la paperasse? Y a-t-il des points que nous pourrions améliorer en supprimant des champs que personne n’utilise, par exemple? Ce sont des choses que nous pouvons apprendre en examinant nos analyses de données en amont."
Le CAMH ne se contente pas d'examiner les données quantitatives, il s'engage aussi activement auprès du personnel pour recueillir des informations qualitatives. Un processus de nomination du personnel permet aux personnes interrogées de suggérer les changements qu'elles souhaiteraient voir apporter, les suggestions étant soumises à un processus de gouvernance simplifié. Les changements mineurs sont transmis directement à un groupe de cliniciens qui les examinent et prennent une décision collective, tandis que les suggestions plus complexes sont examinées par des groupes consultatifs compétents afin que le conseil consultatif final dispose d'un maximum d'informations.
La stratégie ne se limite pas à l'amélioration d'I-CARE. "L'objectif final est d'améliorer la communication, l'éducation et la formation", explique le Dr Strudwick. "Nous avons donc mis en place un bulletin d'information, nous avons établi un lien entre nos pratiques d'éducation et de formation et les meilleures pratiques, et nous proposons une formation et un enseignement sur l'utilisation du DSE."
Le programme du CAMH est axé sur l'engagement continu afin de mettre en œuvre des améliorations perpétuelles et de faciliter la vie des infirmières. Une vérification de l'état d'avancement a montré que des progrès avaient déjà été réalisés: le temps passé par le personnel infirmier sur le DSE a diminué de 2 minutes, soit 13 minutes par patient, par rapport à deux mois plus tôt. Le temps consacré à la paperasse a diminué de 50 secondes pour atteindre 6,5 minutes. Ces économies de temps ont permis d’augmenter le nombre de patients traités de 59 530 à 80 534 sur la période.
"Il est très important pour nous de travailler avec Oracle Health pour mieux comprendre les opportunités et les possibilités de réduire le temps consacré à la paperasse," déclare le Dr Strudwick.